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La souveraineté alimentaire : une question très vaste et fondamentale !

La situation alimentaire mondiale, la démographie (notamment du continent africain qui doit passer de 1 à 2 milliards d’ici 2050), les changement climatiques, etc. devraient imposer une mobilisation mondiale « permanente » pour améliorer et diversifier les productions vivrières tout en permettant aux paysans et paysannes de vivre « dignement » de leur travail.
Un travail considérable est donc à réaliser, dans la durée, car seules une politique et des actions permanentes peuvent conduire à la satisfaction des besoins alimentaires (aux plans quantitatif et qualitatif) des populations tout en protégeant la Planète.
Il faut donc, selon l’expression de la FAO développer partout dans le monde des agricultures, notamment vivrières, « climato-intelligentes » (cf. Schéma joint).

 

Quelques facteurs « clés » pour améliorer et diversifier les productions vivrières :

- La formation et tout ce qui y est lié, en amont et en aval, car il n’y a pas de développement sans formations à tous les niveaux, ce qui suppose : recherche-développement-vulgarisation-organisations, etc. afin de mettre sur pied des chaînes fonctionnelles de compétences interactives (du chercheur au producteur et du producteur au chercheur en passant par les réseaux intermédiaires).
- L’accès à des terres de bonne fertilité : L’accès à la terre est souvent difficile et celle-ci est souvent de qualité médiocre (les meilleures étant souvent « accaparées » par d’autres productions, d’autres pays ou firmes). Une sécurité est indispensable pour une valorisation dans la durée et l’amélioration de leur fertilité. Quel que soit le mode d’exploitation retenu (conventionnel ou agro écologique), l’amélioration de la fertilité des sols est souvent indispensable pour espérer une bonne productivité et passe par une « politique » vigoureuse de production et gestion de la matière organique (fumier, compost, autres sources, etc.), ce qui suppose aussi souvent la recherche d’une meilleure complémentarité « cultures-élevages ».
- La gestion des ressources en eau : L’eau est abondante sur la planète mais la partie utilisable est très faible particulièrement dans les pays d’Afrique subsaharienne où les surfaces irriguées demeurent très insuffisantes. Le développement des cultures vivrières irriguées indispensable pour tendre vers une autosuffisance alimentaire (quantitative et qualitative) suppose que la gestion des ressources en eau soit bien prise en compte : ressources, aménagements, économies, qualité (notamment problème de salinité), etc.
- L’amélioration et la diversification des productions vivrières suppose un travail permanent de recherche, vulgarisation, organisation, etc. sur les espèces, variétés, systèmes de production (conventionnel, agro-écologie, agroforesterie, etc.), les itinéraires techniques, les moyens de travail, la connaissance et la maîtrise du parasitisme en végétation et en stockage (locaux et conditions adaptées), les valorisations post-récolte, etc.

- L’accès à des semences de qualité. Les points ci-dessus, tous aussi importants les uns que les autres, ne seront bien valorisés que si l’accès à des semences adaptées et de qualité est assuré. Trop souvent, on voit des projets importants d’aménagements dans lesquels la question des semences n’est même pas abordée ! Or, on ne fait pas d’agriculture sans semences mais on ne fait pas de bonne agriculture sans « bonnes semences ».
« Si tous les paysans du monde pouvaient disposer de « bonnes semences », il n’y aurait plus de problème de faim sur notre planète »
La question de l’origine des semences et de leurs caractéristiques suscite beaucoup de débats (souvent passionnés) : semences commerciales (industrielles), semences paysannes ; problème des OGM, voire des hybrides F1. Cependant la tendance dans certains milieux est d’affirmer que les semences locales ou anciennes sont les meilleures, sans nécessairement avoir de critères « objectifs » pour étayer cette opinion.
Il serait intéressant de pouvoir organiser un large débat sur ces questions aussi objectif et dépassionné que possible car en définitive l’important est que les pays concernés et leurs paysans et paysannes soient bien informés et formés pour effectuer eux-mêmes, leurs choix en toute connaissance des problèmes et élaborer leur propre politique semencière sur la durée qui pourrait d’ailleurs concerner plusieurs pays (par exemple Afrique de l’ouest) aux conditions assez similaires.
Certes, il est capital de préserver et si possible valoriser la biodiversité naturelle mais il faut aussi que cela se fasse dans de bonnes conditions, avec des semences dont on connaît et maîtrise bien les caractéristiques.
De même, il est souhaitable que les paysans et leurs organisations aient la maîtrise de leurs semences car « Qui possède les semences détient le pouvoir de vie ou de mort d’une population ! ». Pour mettre en œuvre efficacement cette option, il faut mettre sur pied tout un système de production, contrôles, stockage, formations, organisation collective, etc. qu’un paysan seul peut difficilement assumer

 

Critères de caractérisation des semences :

Il existe deux grands types de multiplication des semences :
- la reproduction sexuée qui aboutit à des « semences graines » avec des particularités importantes selon la physiologie et la biologie florale notamment ;
- la multiplication végétative qui consiste à multiplier une partie de la plante mère : boutures, bulbes, tubercules, etc.

Dans les 2 cas, trois critères importants caractérisent une semence et une « bonne semence » doit répondre à des normes concernant ces critères :
- Le critère génétique : chaque variété d’une espèce doit pouvoir être décrite par un certain nombre de caractéristiques qui dépendent du génome: morphologie, rendement, biologie, résistances, aptitudes diverses, etc.
- Le critère physiologique : toute variété est soumise aux influences extérieures (en culture et encore plus en conservation) qui peuvent agir sur ses qualités ultérieures : dégradation de la qualité, aptitude à la germination, etc.).
- Le critère sanitaire : les organes de multiplication végétative mais aussi les graines peuvent véhiculer, transmettre, infester les sols, tout un cortège de parasites (maladies, insectes, nématodes, etc.) qu’il faut connaître et bien maîtriser si on veut avoir des cultures productives, de qualité, sans danger pour les cultures, les récoltes, pour l’environnement et l’état sanitaire des sols.

Chaque espèce et variété nécessitent une approche adaptée mais la prise en compte de ces trois critères est indispensable dans la mise sur pied d’un système de production de semences de bonne qualité même à l’échelle individuelle ou à l’échelle d’organisations paysannes.

 

Cas de la pomme de terre : options possibles :

La pomme de terre est potentiellement la culture vivrière qui produit le plus de matière nutritive par jour d’occupation du sol donc de travail et de consommation d’eau, à condition naturellement, qu’elle soit réalisée dans de bonnes conditions et en particulier avec des semences adaptées, de bonne qualité physiologique et sanitaire (plant certifié). Si cette stratégie n’est pas adoptée, on risque l’échec « à coup sûr ». On peut observer des rendements de 3 à 5 t/ha en reproduisant sans aucune précaution alors que l’utilisation de plant certifié permet d’obtenir 30 t/ha voire plus.
En France (en Europe en général et dans tous les pays traditionnellement producteurs de pomme de terre), la culture serait devenue impossible (aux plans agronomique et économique) si un système de production de semences certifiées et qui est en perpétuelles améliorations, n’avait pas été mis n place, il y a maintenant près d’un siècle.
Vouloir produire des pommes de terre sans « bonnes » semences serait donc « illusoire ».
Quatre options au moins sont possibles et éventuellement complémentaires :

- 1 - Importation des plants (semences) certifiés chaque année : à partir de pays ou régions expérimentés ayant en place un système de production de semences certifiées.
C’est le système le plus fréquent, du moins en Afrique de l’ouest. Il a l’immense avantage de la qualité et en général d’un bon suivi technico-économique. A titre d’exemple, on peut indiquer que la Bretagne exporte du plant dans plus de 50 pays. Mais ce système très performant, a aussi de sérieux inconvénients : coût, dépendance économique, périodes de livraison, etc.
Il serait donc intéressant de le compléter par d’autres solutions, voire dans certains cas lui substituer d’autres modes de reproduction.

- 2 - Conservation d’une partie des récoltes pour la reproduction :
En principe petits et moyens calibres bien sains ;
Conservation en local aéré, rafraîchi (ou mieux refroidi) ;
Contrôles et tris réguliers
En général, le plant importé est de la classe A. La culture de plant E (Elite) peut permettre de multiplier 2 ans ou plus ;
Toutes les variétés sont possibles à condition qu’il n’y ait pas vente mais autoreproduction. Préférer les variétés « rustiques » type Claustar ou Atlas en Blanches, Désirée, Pamela, Stemster en Rouges. Récolter à maturité, veiller aux manipulations (absence de blessures)
Prévoir une fiche d’identification et de suivi par lot.

- 3 - Mise en place d’un schéma complet de production de plant :
Partir de boutures ou micro-tubercules produits in vitro (Mal, Burkina, Niger, France, autres) ;
+ Application d’un règlement technique de culture et de contrôles très strict tout en étant adapté aux conditions du pays ;
+ Premières générations en station puis multiplications chez des producteurs « agréés » et suivis régulièrement au cours des générations successives (3 à 5 ans) ;
+ Stockage en chambre froide (2-4 °C): souvent le facteur limitant;
+ Formation d’un réseau de producteurs spécialisés, agréés ;
+ Certification, vulgarisation, évaluation, etc. Fiche de suivi par lot ;
+ Variétés permises : du domaine public uniquement : Sahel, Claustar, Spunta, Nicola, Désirée ;
+ Compléments de contrôles par tests de laboratoires dans le pays concerné, en France ou en Europe.
Potentiellement plusieurs pays s’y intéressent, ont les compétences nécessaires mais il y a encore (à ma connaissance) peu de systèmes fonctionnels en pratique.

- 4 - Production à partir de graines :
La pomme de terre peut aussi se multiplier par graines puisque toutes les variétés créées, en particulier, résultent de croisements.
Au fil des années, plusieurs organismes (dont le CIP) et pays se sont intéressés à ce mode de reproduction. Avec l’amélioration des connaissances, d’une meilleure « homgénéité » génétique, des technologies améliorées, etc., il paraît possible de progresser dans l’application de ce mode de reproduction qui pourrait avoir un intérêt évident dans certaines régions du monde.
+ Avantages : accès facile et libre, poids très faible (de l’ordre de 1500 graines/gramme), coût faible, disponibilité (autonomie) ;
+ Inconvénients ou limites : capacité aléatoire des variétés à produire des graines (surtout en Afrique), hétérogénéité génétique, savoir faire à acquérir, etc. ;
+ Production et récolte des fruits et des graines comme pour une plante potagère (type tomate) : graines produites sur place ou en France ;
+ Stockage ;
+ Semis en terrines ou godets ;
+ Repiquages ;
+ Mise en pleine terre ;
+ Suivi et contrôles, épurations ;
+ Récolte, conservation ;
+ Consommation et/ou reproduction
+ Evaluation, amélioration, formations, vulgarisation (cf. document spécifique)

- NB : Comme l’aboutissement réel de la production locale de semences demande plus ou moins d’années selon les options, ces options peuvent être démarrées en même temps, conduites parallèlement et au fil des années, émergera celle(s) qui sera la mieux adaptée et la mieux maîtrisée par l’ensemble de la filière locale (chercheur, technicien, producteur)

Note succincte
rédigée par B. Jouan
ASF-Bretagne
Avril 2016